Jeudi 25 janvier 2024, les élèves de 2GT1 et leur professeure de lettres Mme Philippin se sont rendus à la librairie L’Encre Marine à Eu pour une rencontre avec Anne et Arnaud Dujeancourt, les deux libraires partenaires, dans le cadre de l’opération « Coup de Jeunes en Librairie », dispositif académique ayant pour but de promouvoir la lecture et la découverte du monde du livre.

Les élèves étaient chargés d’interviewer les libraires, de prendre des notes et de rédiger un article (que vous trouverez in extenso à la fin de cette publication).

C’est la deuxième année consécutive qu’une classe de Mme Philippin est retenue pour participer à « Coup de jeunes en Librairie », en collaboration avec les libraires partenaires de L’Encre Marine. Retrouvez ci-dessous la vidéo tournée en 2022/2023 :

Article rédigé par les élèves

A la découverte du monde du livre : une après-midi enrichissante pour les élèves de 2GT1 (Victor L-C et Alexia M)

L’Encre Marine, une librairie charmante située au cœur de la Ville d’Eu, offre une expérience littéraire unique aux amateurs de livres avides d’évasion et de découvertes. Cette librairie indépendante, fondée il y a vingt-six ans par des passionnés de littérature, s’est rapidement imposée comme lieu de rendez-vous incontournable pour les amoureux des mots et de la culture (Clément R). Presque un sanctuaire (Théo V).

Ce jeudi 25 janvier 2024, nous, les élèves de Seconde 1 du lycée Anguier, nous sommes rendus à la libraire L’Encre Marine, pour échanger avec les propriétaires du lieu dans le cadre du projet « Coup de Jeunes en Librairie » (Victor L-C). Nous avons la chance de participer à ce projet qui nous permet d’une part de lire des romans sélectionnés par notre professeure de français, Mme Philippin, et les libraires de « L’Encre Marine » et, d’autre part, d’en apprendre davantage sur le métier de libraire grâce aux entretiens menés lors des visites en librairie (Chloé C). Ce dispositif est organisé par l’académie de Normandie (Louis M).

Afin d’éviter qu’il y ait trop de monde dans la librairie, les élèves ont été répartis en deux groupes, qui ont permuté au bout d’une heure. Un premier est parti à la librairie tandis que l’autre se rendait au CDI où un travail sur les articles de presse les attendait (Alexia M), dans la perspective de ce petit compte-rendu journalistique à publier sur le site du lycée, que vous lisez en ce moment même.

Lors de notre première rencontre avec M. et Mme Dujeancourt, nous avons pu en apprendre plus sur leur parcours (Louise C). Un témoignage inspirant qui souligne l’importance des librairies indépendantes dans notre société (Maëlys M).

Amour des livres et désir d’entreprendre

Enfant, Anne Dujeancourt ne prévoit pas d’être libraire. En revanche, elle lit déjà beaucoup et adore passer du temps dans la librairie de sa tante, L’Armitière, à Rouen (Lalita L). Arnaud, de son côté, dévore les romans et se lance dans des études littéraires. Il est même professeur de français quelques mois. Il écrit des nouvelles, mais sans jamais les envoyer aux éditeurs. Plus tard, il invente des histoires pour ses enfants, illustrées par un ami (Chloé C).

A l’aube de la vingtaine, Anne et Arnaud se rencontrent et leurs premiers rendez-vous galants se passent … dans une librairie (Louise QDG) !  Leur relation se tisse autour de leurs conversations et débats sur leurs coups de cœur littéraires et, bientôt, autour d’un projet commun : posséder leur propre librairie (Louise QDG).

« J’ai décidé d’ouvrir cette librairie avec mon mari par amour des livres et désir d’entreprendre. Lors de notre rencontre, cette idée nous a paru évidente » nous dit Anne Dujeancourt (Maëlys M).

Une carte bleue et un coup de foudre

Au début, ils souhaitent reprendre une librairie ayant déjà sa clientèle (Louise C). Ils font donc un tour de France à la recherche d’un lieu dont ils pourraient tomber amoureux (Sarah B). Mais ils ne trouvent pas leur bonheur.  La plupart des librairies visitées sont poussiéreuses, leur clientèle se raréfie et vieillit. Alors qu’Anne et Arnaud rêvent d’un endroit jeune et dynamique (Louise QDG) ! En fait, c’est le hasard qui les fait s’installer à Eu en Normandie, il y a un peu plus de 26 ans (Chloé C). En week-end au Tréport, le destin va le mener à cet ancien magasin de bonbons qui deviendra leur librairie (Louis M).

« A l’époque, nous avions une carte bleue du Crédit Lyonnais qui ne pouvait retirer des espèces qu’aux distributeurs de ces banques. Nous nous rendons donc à Eu, dans la seule banque Crédit Lyonnais des Villes Sœurs, qui était située dans cette rue piétonne. » (Louis M) Une coïncidence en somme car ils ne sont pas de la région mais de Seine-et-Marne (Victor L-C). Nous sommes en 1997, ils tombent sous le charme de la ville royale d’Eu (Coline R).

Le 26 juillet 1997, ils achètent le pas de porte, avec un crédit de 7 ans. Plusieurs années plus tard, ils achètent les murs de leur librairie (Sarah B). Le choix du nom « L’Encre Marine » est un jeu de mots avec l’encre de l’écrivain et l’ancre du marin, avec un petit clin d’œil à la mer toute proche (Chloé C).

Un petit commerce face à la concurrence

Mme Dujeancourt nous apprend qu’elle et son mari se sont installés à Eu la même année que M. Pradels, gérant de la Maison de la Presse (Mathis D), qui se situe dans la même rue piétonne (Lalita L). Un dicton affirme qu’il faut compter une librairie pour 20 à 30 000 habitants (Louise QDG). Or ce nombre est atteint en combinant la ville d’Eu, Mers et Le Tréport ainsi que toutes les petites communes aux alentours (Lucas S). Mais l’entente entre les deux magasins s’est toujours bien passée (Valentine J). Les publics fréquentant les deux établissements sont différents (Chloé C). Renonçant par exemple aux manuels scolaires, M. et Mme Dujeancourt s’adressent à un large public, des enfants aux plus vieux en passant par les ados en vendant mangas, jouets, comics, BD, beaux livres et romans, et même des livres en anglais pour les touristes étrangers (Ludivine J).  La Maison de la Presse et L’Encre Marine ont réussi à se créer leurs clientèles respectives et travaillent même sur des projets communs comme le Salon du livre (Louise C).

La concurrence de la Maison de la Presse n’a pas été la seule frayeur de M. et Mme Dujeancourt (Lalita L). Il en a été de même pour l’enseigne Leclerc Culture lors de son implantation récente au sein de la zone commerciale d’Etalondes (Léa M). Mais elle n’a jamais vraiment porté préjudice aux deux libraires (Léa M).  Et puis il y a eu l’émergence des sites marchands, permettant de commander en un clic depuis chez soi (Chloé C).  La libraire admet une petite perte de chiffre d’affaires, mais, même si cela prend plus de temps d’aller en librairie, le service et le conseil sont toujours recherchés (Chloé C). Le cocon de leur boutique fait la différence avec l’immatérialité d’un site revendeur (Louise QDG). L’Encre Marine continue aujourd’hui de créer de nouveaux partenariats avec des bibliothèques et des écoles et n’a finalement pas trop souffert de l’afflux de concurrents (Victor L-C).

Une affaire de famille

Il reste néanmoins qu’il est difficile de se dégager deux salaires en vendant uniquement des livres. Le chiffre d’affaires sur le livre est en soi insuffisant (Chloé C).  C’est pour cela qu’Anne a tenu un commerce de jouets à Dieppe pendant une douzaine d’année, le temps d’assurer des revenus suffisants pour élever trois enfants (Gautier RDA). C’est pour cela également que L’Encre Marine s’est diversifiée, proposant jouets, jeux, papeterie et boissons (Coline R). Les marges sur les jouets et jeux par exemple sont plus importantes (Chloé C) que sur le livre*. Leurs enfants ayant d’autres projets, Anne et Arnaud ne pensent pas leur léguer la librairie (Valentine J), même s’ils adoreraient pouvoir le faire (Gautier RDA).

L’Encre Marine est une librairie très chaleureuse et accueillante (Mathis D). L’ambiance agréable et conviviale a été accentuée après la rénovation faite il y a six ans (Sarah B). Comme le dit Mme Dujeancourt, leur librairie c’est comme leur deuxième maison (Djoulia D). Les clients également peuvent se sentir comme chez eux, avec les canapés, les tables et les chaises mis à disposition (Djoulia D). Il leur est même possible de feuilleter un peu les livres et de boire en même temps un café avec les propriétaires de la librairie (Wandrille C). Les clients réguliers viennent discuter, travailler, corriger des copies … (Valentine J).

Casser les clichés

Pour Mme Dujeancourt, l’une des qualités d’un libraire idéal est de savoir conseiller sans dévoiler toute l’histoire (Mathis D). Les petites librairies comme L’Encre Marine ont tendance à proposer des sélections de livres variées et originales, souvent axée sur des auteurs locaux. Elles peuvent également mettre en avant de petites et rares maisons d’édition (Maëlys M). Leurs plus grosses ventes sont leurs coups de cœur personnels, c’est ceux dont ils savent le mieux parler (Sarah B). Contrairement à ce que l’on pourrait penser, et comme Mme Dujeancourt nous l’a fait comprendre, les clients aussi leur conseillent des livres. C’est notamment comme cela que Mme Dujeancourt a découvert le roman de Pauline Hillier, Les Contemplées, qui fait partie de la sélection de « Coup de Jeunes en Librairie » que nous devons lire (Victor L-C).

Même si a priori la tâche a l’air simple, être libraire reste une profession complexe (Mathis D). C’est un métier qu’il faut exercer par passion et non par obligation. Aucun diplôme particulier n’est nécessaire, il faut avant tout aimer lire (Paul D).  Mais impossible de lire la totalité des livres car il y a beaucoup trop de nouveautés par an (Paul D). Par jour, en France, paraissent 250 livres (Louise QDG) ! En abordant le côté plus logistique de la boutique, nous comprenons qu’il faut avoir une gymnastique de gestion impressionnante pour réussir à tout mener de front (Louise QDG). Mme Dujeancourt a suivi une formation afin de connaître les bases du métier (Louise C). Il faut prendre en compte aussi, concrètement, la manutention des cartons qui arrivent. Ils sont livrés deux fois par semaine (Chloé C).

Les deux libraires animent la librairie en invitant des auteurs ou des autrices (Valentine J).  Mais comme la plupart des auteurs habitent en région parisienne, il est compliqué pour eux d’organiser ce genre d’événements (Victor L-C). Ils réussissent néanmoins à faire venir des écrivains locaux ou qui ont une attache en Normandie comme Patrick Raynal, auteur mais aussi créateur de la collection La Noire chez Gallimard (Léa M). M. et Mme Dujeancourt participent également à des projets tels que « Le Prix des Villes Sœurs » (Louise C) dont le comité de sélection se tient régulièrement au sein de la boutique. Et ils se réjouissent de travailler en partenariat avec les établissements scolaires. « C’est une manière de casser les clichés sur la librairie auprès des jeunes », nous disent Anne et Arnaud Dujeancourt (Louise QDG).

* A savoir : En France, les livres sont soumis à un prix unique, quel que soit le point de vente, depuis la loi « Lang » de 1981. Ce prix est fixé par l’éditeur. Pour le libraire, la part est d’environ 30 % du prix de vente mais différents frais (comme la livraison, les charges de la boutique …) sont à soustraire (Louis M).  Le libraire ne peut pas faire de promotions ou de réduction sur le prix des livres neufs, sauf les 5 % pas plus qui sont autorisés (Rafaël T).