Le lycée Anguier a eu le plaisir d’accueillir dans L.A. GALERIE, outil culturel, le travail de la photographe Alexandra Fleurantin dans le cadre du Dispositif De visu, mis en place par le Rectorat, la Drac Normandie et la région Normandie. L’exposition a eu lieu du 7 au 24 novembre 2022.

Alexandra Fleurantin est photographe, historienne de formation, elle a travaillé pour la presse et l’édition sur des  sujets liés aux questions d’écologie politique, notamment à travers une longue collaboration avec les éditions Dehors. Son approche photographique est à l’origine une approche documentaire, traversée par la question du territoire et des multiples façons d’habiter celui-ci.

La série Death Valley, dont une partie est présentée a été réalisée au printemps 2021 à l’invitation de l’association Vaertigo à Athis de l’Orne.

Ce travail en partie photographique contemple les traces du passé industriel  révolu de ces vallées de la Suisse Normande où se sont développées d’abord les manufactures de coton puis les usines d’amiante. Un territoire entre deux époques, déserté par l’industrie, en quête d’une nouvelle histoire.

Alexandra Fleurantin a arpenté les méandres de la Vère, inventoriant les  traces du passé recouvertes par une nature luxuriante, rencontrant hommes et bêtes, dans une tentative de saisir ce temps suspendu entre ce qui fut et ce qui sera. Le travail photographique capture à la fois l’histoire ancienne  et douloureuse qui s’inscrit dans le paysage en même temps qu’il regarde comment de nouvelles générations s’emploient à redonner vie à ces vallées dans un nouveau rapport à la vie sauvage. L’addition par l’artiste de différentes matières, images d’archives, témoignages, oeuvre de la nature et de techniques photographiques mixtes, contemporaines et archaïques, redouble dans la forme cette question d’une temporalité entre deux.

La vallée de la Vère est connue par ses habitants sous le nom de vallée de la mort. À cette évocation, c’est tout un imaginaire qui se déploie, l’univers lointain et fantasmagorique des décors de la conquête de l’ouest, de ses villes construites puis abandonnées pour suivre ailleurs le filon, la fortune. Ainsi il en est du territoire donné à voir par Alexandra Fleurantin, à mi-chemin entre passé et futur, entre territoire réel et territoire fantasmé, dans un désir de montrer ce qui renaît.

Présentée dans la vallée de la Bresle qui porte les traces dans son territoire de ses industries passées, présentes, elle nous rappelle que celles-ci se sont construites avec leurs transformations et que nos élèves sont à même de porter un autre regard sur l’espace dans lequel ils vivent, sur cette mémoire inscrite dans le paysage.

Thibault Le Forestier
Professeur d’Arts Plastiques
Coordinateur L.A. Galerie